On peut facilement penser que sport et handicap moteur ne font pas bon ménage. Lorsque l’on a un handicap moteur, on adapte notre quotidien pour pouvoir faire le plus de choses possibles : organiser les sorties dans des lieux accessibles, aménager son logement, acquérir des aides techniques à la mobilité (fauteuil roulant, déambulateur, cannes, etc). Ou encore, choisir d’être accompagnée par un chien d’assistance !

Lexie, mon chien formé par l’association Handi’chiens, m’apporte énormément d’autonomie supplémentaire.

Malgré tout, même en ayant mis en place toutes ces adaptations, il y a toujours des activités pour lesquelles on se questionne. Pour lesquelles, les préjugés sont encore trop nombreux. Et ce que ce soit dans la société ou dans le corps médical…

Les personnes handicapées moteurs ne pourraient pas faire telles ou telles activités.

Le sport n’échappe pas à ces idées reçues ! Evidemment, chaque handicap moteur est différent en fonction des pathologies, et chaque personne handicapée connaît ses propres limites. Néanmoins, beaucoup de personnes atteintes de handicap moteur font du sport. Que ce soit dans des structures locales ou en compétition. Comme en témoignent d’ailleurs les Jeux Paralympiques ! Mieux encore, lorsqu’on est atteint d’un handicap moteur, la pratique d’un sport n’est pas seulement un loisir : cette dernière est, souvent, incluse dans la prise en charge médicale du handicap.  

Les bénéfices du sport sur le handicap moteur…

… Physiquement

 Quels sont les bénéfices du sport pour une personne handicapée moteur ?

De la même manière que pour une personne valide, le sport contribue largement et positivement à une bonne santé. En effet, une activité physique, régulière et adaptée, diminue les risques liés au surpoids ou aux problèmes cardio-vasculaires. Chez les personnes handicapées, cela est encore plus important. Car, très souvent, nous sommes malgré nous beaucoup plus sédentaires que la population générale.

Par exemple, chez les personnes atteintes de paralysie cérébrale (qui est la première cause de handicap moteur chez les enfants en France), le risque de développer des maladies comme le diabète (de type II), l’hypertension, ou les AVC est 1,5 fois plus élevé que la population générale …

Par ailleurs, beaucoup de maladies provoquent une faiblesse musculaire. Pour certaines pathologies, une activité physique adaptée peut contribuer à augmenter la force ou à la maintenir tout au long de la vie.

Enfin, une partie des personnes handicapées moteurs (paraplégie, …) va énormément utiliser les bras au quotidien. Notamment pour « compenser » les jambes. Dans ces cas-là, le sport se révèle être un excellent allié vers plus d’autonomie.

Mais les bénéfices du sport ne s’arrêtent pas à la santé physique !

… Psychologiquement

Pour beaucoup de jeunes ayant un handicap moteur depuis leur naissance, la rééducation fait partie intégrante de leur vie depuis toujours. Notamment pour développer les capacités motrices tant que c’est possible. Il faut aussi « entretenir » ces progrès obtenus au prix d’heures de kinésithérapie et de soins. Également, il faut limiter la dégradation des acquis. Bref, cela peut se révéler très répétitif …

Inclure du sport dans la rééducation permet de limiter la lassitude. Pallier le manque de coopération, particulièrement chez les enfants et les adolescents. Grâce à différents sports « praticables » dans une salle de rééducation, ces moments parfois contraignants deviennent nettement plus ludiques !

De plus, le sport ne se pratique pas uniquement dans les cabinets et centres de rééducation ! Les clubs handisports sont une autre chouette alternative pour pratiquer une activité physique régulière.

Ces structures possèdent souvent du matériel adapté. Par exemple, pour l’équitation : des selles offrant plus de maintien du dos, du matériel pour monter sur le cheval en fonction du handicap… D’habitude extrêmement onéreux, il devient accessible ! Ainsi, vous pourrez découvrir des sports adaptés. Ou des sports que vous n’auriez éventuellement pas osé essayer avec un handicap moteur.

D’autre part, le handisport vous permet de rencontrer d’autres personnes ayant un handicap moteur. Qu’il soit identique au vôtre ou non. Ces activités sont l’occasion d’échanger avec des individus confrontés à des difficultés similaires à celles de votre quotidien. Enfant, ado, ou adulte, cela est bien souvent enrichissant. On rencontre un sentiment d’appartenance avec des pairs. Avec qui l’on partage des « trucs et astuces » qui facilitent le quotidien, ou encore une compréhension mutuelle.

Le sport peut être un allié dans un quotidien avec le handicap moteur, néanmoins, il est important de trouver le sport qui nous convient et nous plait ! C’est pourquoi, au fil des années, j’ai expérimenté plusieurs sports. 

Sport, mon expérience personnelle

Je suis atteinte de Paralysie Cérébrale depuis ma naissance et d’inflammation chronique des articulations.

La Paralysie Cérébrale (anciennement appelée Infirmité Motrice Cérébrale, IMC) est handicap neuro-moteur. Ma naissance très prématurée a causé des lésions cérébrales irréversibles. Celles-ci ont impacté, principalement, ma motricité. A cause de cela, mon cerveau donne de « mauvaises commandes » à mon corps ce qui provoque des troubles très importants de l’équilibre. Certain mouvements sont difficiles, voir impossibles, à effectuer. Et j’ai aussi un manque de force musculaire.

Au quotidien, je me déplace en fauteuil roulant électrique, dont l’assise est aménagée afin que je sois correctement installée. Cela permet de réduire ma fatigue et l’apparition des déformations orthopédiques. Chez moi, je marche avec une canne Wheeleo. Au niveau des bras, je manque, aussi, de force et de dextérité.

 … Pourquoi je fais du sport …

Personnellement, en dehors des « crises inflammatoires articulaires », le sport s’inscrit pleinement dans la prise en charge de mon handicap moteur.

Mes objectifs sportifs sont multiples :

  • maintenir ma force musculaire avec l’âge,
  • mobiliser mes articulations, qui sont très souvent immobiles dans mon fauteuil roulant,
  • travailler mes capacités cardio-respiratoires diminuées, notamment, par le fait que je sois très sédentaire.

…  Une diversité de sports possibles …

Voici les sports que j’ai pu pratiquer durant ma vie.

La natation

Dès mon plus jeune âge, j’ai débuté l’initiation à la nage chez les « bébés nageurs ». Enfant, je me déplaçais dans l’école en déambulateur, chez moi à « quatre pattes ». Et sinon, j’étais poussée par un tierce personne en fauteuil roulant manuel. Autrement dit, je n’avais pas énormément de motricité « sur terre » … Pourtant, dans l’eau, la situation était bien différente, pour mon plus grand plaisir ! Au milieu d’une piscine, je pouvais faire plein de choses qui m’étaient impossible habituellement. Je pouvais marcher sans déambulateur ou canne ! Et ce, sans me soucier de mon équilibre car l’eau m’apportait la stabilité qu’il me manquait pour marcher. Je pouvais bouger plus longtemps sans me fatiguer car, dans cet élément, mes muscles étaient moins sollicités.

J’étais si à l’aise dans l’eau que j’ai même appris à nager en autonomie. Aujourd’hui, ma nage est peu « traditionnelle » mais je prends plaisir à nager. Le tout en faisant travailler, sans forcer, la quasi-totalité de mes muscles en même temps !

D’ailleurs, n’hésitez pas à échanger avec votre équipe médicale de cela : un médecin spécialisé peut prescrire des séances de balnéothérapies qui se font en présence d’un kiné.

L’équitation

A l’âge de 6-7 ans, j’ai découvert l’équitation lors de vacances ! Lors des séances, j’étais ravie de partager un moment avec un poney. Pourtant, sans m’en rendre compte, cette activité physique m’a fait travailler plein de choses :

  • La tenue du dos. Comme je vous le disais, un peu plus haut, mon handicap provoque une hypotonie (faiblesse musculaire) des muscles du dos. Réussir à tenir sur un équidé en mouvement sollicite énormément les muscles dorsaux, ce qui m’était bénéfique.
  • La coordination. Lors des changements de trajectoire, la coordination des mains et celle « main-œil » sont nécessaires.
  • La station debout. Et oui, impossible pour moi de repartir sans avoir brossé le poney !
  • La souplesse des hanches en étant à califourchon.

Le vélo

Encore une fois, il s’agit d’une activité sportive que j’ai débutée dès l’enfance, lors de ballades en famille. Pour moi, le vélo a été un équipement m’offrant la possibilité de me déplacer en extérieur. Et ce de manière autonome, tout en étant physiquement active, contrairement à mon fauteuil roulant électrique. En pédalant, je renforce mes muscles des jambes en effectuant un mouvement assez simple, ainsi que ceux de mon dos. Etant donné mon manque d’équilibre, je n’utilise que des tricycles.

En fonction de votre « état orthopédique » (capacité à tendre totalement la jambe, par exemple) et de votre force au niveau du dos, vous pouvez choisir un tricycle dans lequel on est assis ou semi-couché.

Le renforcement musculaire

Arrivée à l’âge adulte, entre ma vie étudiante et la logistique du quotidien (d’autant plus celui avec un handicap moteur), il a fallu adapter mon activité physique. Je souhaitais, pour gagner du temps, pouvoir pratiquer un sport chez moi (ou alors tout près de chez moi) et sans avoir besoin, ou presque, de matériel spécifique.

Je me suis donc orientée vers le renforcement musculaire qui me permet de travailler les muscles choisis tout comme mon cardio. Ainsi, je pratique certains exercices avec un kiné ou un coach sportif APA (Activité Physique Adapté). Je pratique aussi d’autres activités en autonomie, dès que j’ai du temps libre. Quoi de mieux pour s’adapter à mon emploi du temps et à ma fatigue !

A notez que, avec un certificat médical, certaines mutuelles remboursent partiellement voire totalement, les séances faites par un coach APA.

Vous l’aurez compris le sport peut être un véritable allié dans le quotidien avec handicap moteur, tant physiquement que psychologiquement.

N’hésitez pas à demander à votre équipe médicale si la pratique d’une activité sportive pourrait vous être bénéfique. Et si oui, quels sports sont à privilégier ou à éviter. Il y a une multitude de sports possibles selon vos capacités et vos envies : seul ou en groupe, accompagné ou en autonomie, chez vous ou à l’extérieur, etc.