La dénutrition est le principal risque de l’hospitalisation de la personne âgée à domicile. Mais elle concerne tout le monde. Contrairement aux idées reçues, on peut être en surpoids et être dénutri ! En France, 2 millions de personnes souffrent de dénutrition d’après la Société Francophone Nutrition Clinique et Métabolique. Elle concerne 1 personne âgée sur 10 qui vit à domicile et 4 personnes sur 10 atteintes de la maladie d’Alzheimer, selon la Haute Autorité de Santé. 

Quand peut-on parler de dénutrition ?

Dénutrition définition

La dénutrition est une maladie silencieuse. C’est la conséquence d’un déséquilibre entre les besoins du corps et les apports nutritionnels. Elle peut être liée à une:

  • Insuffisance des apports alimentaires par rapport aux besoins : en cas de perte d’appétit prolongée par exemple ;
  • Augmentation des besoins du corps : en cas de stress, traumatismes, maladies ;
  • Insuffisance des apports associées à une augmentation des besoins.

Pour diagnostiquer la dénutrition, les critères diffèrent en fonction de l’âge (enfants, adultes ou personnes âgées de 70 ans ou plus). Dans tous les cas, cela repose sur la présence simultanée de 2 critères :

  • Un critère associé au poids comme la perte de poids, l’indice de masse corporelle (IMC), ou la réduction de la masse musculaire ;
  • Un critère lié à la cause : la réduction de la prise alimentaire de façon importante pendant plus d’une semaine, ou toute réduction des apports pendant plus de 2 semaines, ou une diminution de l’absorption des nutriments ou une situation d’agression liée à une pathologie par exemple.
spirale de la dénutrition tous ergo

La spirale de la dénutrition

La dénutrition épuise les réserves du corps : c’est une véritable spirale ! Plus on intervient rapidement et plus il est simple de revenir en arrière. Il faut donc agir le plus rapidement possible pour éviter la perte d’autonomie et la diminution de la qualité de vie.

La dénutrition a de nombreuses conséquences. Elle peut entraîner un amaigrissement, un état de fatigue général, des chutes et fractures, des troubles digestifs, une aggravation du pronostic de pathologies déjà présentes, des escarres…

Quels sont les patients les plus a risques de dénutrition ?

Tout le monde peut être concerné par la dénutrition ! Les enfants qui présentent une cassure de leur courbe de croissance, les personnes qui rencontrent des difficultés de mastication ou de déglutition, les personnes qui n’ont plus la force de faire les courses ou la cuisine ou encore les personnes atteintes de pathologies comme le cancer et qui ont la nausée à cause de leur traitement.

Quels sont les signes de la dénutrition ?

Critère de dénutrition

Les 12 signes devant vous alerter selon Santé Publique France : 

  • Avoir des revenus insuffisants
  • Etre atteint d’une perte d’autonomie physique ou psychique
  • Etre en état de veuvage, de solitude ou dépressif
  • Avoir des problèmes bucco-dentaires
  • Suivre un régime restrictif (en sel ou en sucre par exemple)
  • Avoir des troubles de la déglutition
  • Consommer seulement deux repas par jour
  • Etre constipé
  • Prendre plus de 3 médicaments par jour
  • Avoir perdu 2 kg ou plus le dernier mois ou bien 4 kg dans les 6 derniers mois
  • Avoir un taux d’albumine < 35 g/L et/ou de cholestérol < 1,6 g/L
  • Être atteint d’une quelconque maladie

Qu’est-ce qui favorise la survenue de la dénutrition ?

En plus des 12 signes d’alerte de la dénutrition, certains facteurs peuvent avoir un impact sur l’appétit de la personne (voir ici article sur la perte d’appétit) :

  • une alimentation monotone ;
  • des difficultés pour s’approvisionner en produits frais ou pour cuisiner ; 
  • des troubles de la vision ;
  • une texture des aliments proposée non adaptées aux capacités de la personne…

Comment la repérer quelqu’un de dénutri au quotidien ?

Vous accompagnez une personne dans son quotidien, voici quelques repères simples qui peuvent vous interpeller : 

  • Le réfrigérateur est vide, les restes s’y accumulent ; 
  • Les aliments dans les placards ne sont plus frais ; 
  • La personne saute des repas ;
  • Les repas se limitent à un bol de potage ;
  • Des assiettes non terminées ;
  • Des vêtements qui flottent ; 
  • Une perte de poids rapide ;
  • Des crans de ceinture resserrés ;
  • Perte de force : difficulté à se lever d’une chaise, à monter les escaliers.

Outil pour s’auto-dépister gratuitement en ligne : Outil-PARA-D.pdf (luttecontreladenutrition.fr)

Dénutrition personne agée, vers qui orienter ?

Vous suspectez un cas de dénutrition pour vous-même ou pour un de vos proches ? A qui en parler ?

Au quotidien, l’idéal est d’évoquer le sujet avec le médecin traitant qui pourra réaliser le diagnostic de la dénutrition et orienter si besoin vers un diététicien.

En cas de difficulté d’accès au médecin traitant, le pharmacien est un professionnel de proximité qui pourra également vous conseiller, ou un infirmier qui réalise des soins à domicile par exemple.

Si vous bénéficier de l’appui d’un Service d’Aide à Domicile, parlez-en avec le professionnel qui pourra contribuer à réaliser une surveillance alimentaire quotidienne et mettre en œuvre des actions pour favoriser l’alimentation.

Quoiqu’il en soit ne tardez pas à agir et ne restez pas seul face à cette suspicion.

Dénutrition, comment y remédier ?

En cas de baisse d’appétit, plusieurs solutions peuvent être mises en place : lire ici tous les conseils à mettre en place en cas de perte d’appétit : Perte d’appétit : stimuler l’envie et la faim !

En cas de dénutrition, un médecin pourra prescrire des Compléments Nutritionnels Oraux (CNO). Il s’agit de produits qui sont enrichis en énergie, en protéines, et aussi en vitamines et minéraux. Différentes formes existent : boissons lactées, jus de fruit, crèmes dessert, pain, biscuit… Il permettent d’augmenter les apports sous un faible volume.

Un meilleur apport énergétique

Un enrichissement des plats faits-maison est une bonne solution, pour aussi augmenter l’apport énergétique. L’arme secrète ? La poudre de lait écrémé : pratique à utiliser, de bonne conservation et avec un coût d’achat accessible ! Comment s’en servir ? On en ajoute 1 à 2 cuillères dans les potages, dans la purée, dans les préparations comme les quiches, les crèmes desserts et également dans les boissons chaudes ou directement dans le fromage blanc. D’autres aliments permettent d’apporter des protéines de bonne qualité :

  • Les œufs : ajout de jaune d’œuf dans la purée, ajout d’un œuf supplémentaire dans les recettes comme la quiche, les flans ou les cakes, œufs mimosa, omelettes roulées…
  • Les fromages à pâte dure comme l’emmental : râpé dans des purées, risotto ou même en dés dans des salades composées ;
  • Les fromages fondus : sous forme de rillettes mélangées à du poisson (rillettes de sardines ou de maquereau) ou même à des légumes (tartinades fromage et radis râpé), dans la purée, dans le potage ;
  • Les légumes secs : ajout d’une cuillère avec les légumes du potage (lentilles, haricots rouges…), gâteau au chocolat et aux lentilles
  • Poissons en conserve : thon, sardine, maquereau, tartinés, en garniture de tartes salées ou de cake, en croquettes mélangés à de l’œuf et du pain de mie dorées à la poêle…

Continuer l’activité physique

Pas de repos pour les braves ! Contrairement aux idées reçues, il faut absolument encourager à pratiquer une activité physique car cela contribue au renforcement musculaire. C’est donc essentiel pour lutter contre la dénutrition. Différents types d’activités peuvent être mises en place en fonction des possibilités de la personne. On distingue les activités:

  • Physiques d’endurance (marche rapide, marche nordique, montée et descente des marches d’escalier, courses réalisées à pied, jardinage, ménage, … 
  • De souplesse : étirements, travaux ménagers, jardinage, pétanque, taï chi, yoga…
  • De renforcement musculaire : marche rapide, montée et descente d’escaliers, bricolage, vélo, porter les courses, muscler ses cuisses sur une chaise en tendant les jambes…
  • D’équilibre : jardinage, pétanque, vélo, trottinette, marche sur la pointe des pieds…, 

Comment prévenir la dénutrition  ?

Des difficultés pour cuisiner ? De nombreux outils peuvent faciliter le quotidien et donc favoriser la consommation alimentaire : ouvre-bocaux, couverts et vaisselle ergonomique, aides techniques pour la préparation du repas, comme par exemple pour la découpe des aliments…

Quel suivi mettre en place pour éviter une dénutrition sévère ?

Suivre régulièrement l’évolution des prises alimentaires est essentiel pour éviter un cas de dénutrition sévère. Est-ce que la situation s’améliore ? Faut-il encore faire des ajustements ? Si l’on est aidant, on peut noter jour après jour les quantités consommées pour les communiquer au médecin ou au diététicien. 

Le suivi du poids est lui aussi essentiel et doit être régulier mais pas trop fréquent. L’idéal est de se peser au moins 1 fois par mois, toujours dans les mêmes conditions.

Plus + de conseils ? Livret-gourmand-SemaineDenutrition2021.pdf (luttecontreladenutrition.fr)

Semaine de la dénutrition du 16 au 25 novembre

Découvrez-en plus sur l’alimentation des personnes âgées dans notre dossier conseils sur l’alimentation des personnes âgées :